Shady play

On vous emmène aujourd’hui non loin du lieu abandonné Art-sans-concession, l’endroit est situé juste derrière et l’infrastructure attire l’oeil dès la ligne de tram.

 

C’est comme un retour aux temps passés, d’imposantes bâtisses sont barricadées et des petites cabanes de fortune font office d’abri avec une multitude d’objets laissés à l’abandon, éparpillés ci et là. Contemplation des débris d’une vie passée, les jouets témoignent des théâtres de jeux d’enfants dans un univers plus propice à la torpeur qu’à l’amusement.

 

On pénètre ensuite dans un espace vaste où un bâtiment se décompose au fil des jours, le toit a été mis à nu par les intempéries et le temps. Les murs semblent fait de carton, se désagrègent au toucher. L’endroit nous fait penser à une scène de théâtre aménagée, composée de différents éléments magnifiant la scène comme cette escalier menant à une petite plateforme et une porte qui ne mènerait dans notre imaginaire que derrière le rideau. Le canapé planté au milieu de la scène nous appelle à admirer la scène et les simulacres d’une pièce qui se serait jouée il y a bien longtemps.

La maison aux personnages

Une certaine perplexité et la curiosité nous amènent aujourd’hui à la Maison aux personnages, une oeuvre d’Ilya et Emilia Kabakov. Facilement remarquable du fait qu’elle soit plantée au milieu d’un carrefour agité, la maison semble banale au premier regard et pourtant il suffit de s’en approcher pour brutaliser nos aprioris.

L’oeuvre est un concept artistique assez surprenant, demeurant impénétrable, il nous faut observer par la fenêtre pour entrevoir son intérieur ainsi que ses curieux « habitants  ». Un geste assez déroutant car il nous force à franchir nos codes sociaux, on plonge au coeur d’un voyeurisme artistique. A chaque personnage son univers et une confuse impression de contempler avec insistance l’intimité de quelqu’un. Le visiteur-voyeur est mis à mal, il nous faut surmonter notre malaise face aux regards réprobateurs des passants ignorants, c’est donc d’un geste maladroit que l’on parvient à photographier l’oeuvre. On se prend vite au jeu et la fascination l’emporte sur l’embarras à la vue des différentes pièces offrant chacune un spectacle captivant, notamment de nuit avec les jeux de lumière.

 

        

Rez de chaussée

Petit détour par le Rez de Chaussée en cette fin d’après-midi hivernale. Espace d’atelier, de création mais aussi de vie, le Rez de Chaussée arbore de multiples facettes. D’abord un lieu de vie, il rompt le lien entre deux sphères opposées pour créer un espace moins solennel qui induit immanquablement un rapprochement avec le public. La pièce fut rénovée en restant fidèle à son esprit, le choix de garder la vitrine sous sa forme brute révèle sa dimension artistique. Le Rez de Chaussée se compose d’une pièce unique dédiée aux expositions mais pas seulement, les propriétaires insistent, le Rez de Chaussée est avant-tout un lieu d’intention artistique et non une simple galerie. On note une sincère volonté de donner au projet une forme plus ouverte, plus dynamique, plus expérimentale.

On en a profité pour découvrir le travail d’un sculpteur travaillant sur l’inox, Xavier Rèche. Ayant pour habitude d’intégrer ses oeuvres au paysage c’était donc une première pour lui d’exposer dans un espace fermé. Le but étant d’évoquer le paysage au travers de l’art sans qu’il soit présent, il y a un réel travail sur l’espace avec une synchronisation entre les deux pièces sonores. Les vidéos de Judith Kurtag créent un effet de réverbération sur la vitrine, qui attire l’oeil du passager depuis l’extérieur.

L’oeuvre la plus marquante prend la forme d’un « grillage », imposant par sa taille ce qui permet une expérience physique avec l’objet. Au sein du paysage il représente la limite, ici celle ci n’est plus, on contemple l’objet sous sa forme artistique pure. Une dualité est nettement marquée entre un aspect agressif et précieux, à la lueur du jour l’objet scintille et offre une sensation de douceur et de rareté. Un pas de plus vers le fond de la pièce et le grillage se revête d’un aspect menaçant.